Prof. Dr. Thomas Müller, directeur de VS de 1987–2018, aujourd'hui Président de l'Assemblée Générale de VS, présente au cours d’une interview le concept du musée de l’école. Pour la première fois, l’histoire de l’évolution du mobilier scolaire et de l’architecture des écoles est traitée en liaison avec les diverses tendances pédagogiques. La présence de nombreux objets caractéristiques, authentiques et historiques permet de présenter de façon vivante l’école comme une partie intégrante de l’histoire de notre culture.
Au tournant du siècle, un nouveau mouvement vit le jour : le Mouvement de réforme de la vie. Ce mouvement eut également des répercussions sur l’architecture et la construction des bâtiments scolaires, car la thèse de base de ce mouvement était une réforme de la vie quotidienne. Sous l’influence de ce mouvement, on construisit des écoles qui se démarquaient complètement des anciens bâtiments rappelant les casernes et les monastères. Theodor Fischer, école primaire et professionnelle Elisabethplatz à Munich-Schwabing, 1901.
Banc scolaire américain à deux places : le pupitre est équipé de sièges rabattables sur sa face avant, l’écolier écrit donc sur le pupitre qui se trouve dans la rangée située devant lui.
Le banc scolaire qui a connu le plus grand succès en Allemagne - le banc Rettig. L’appuie-pieds surélevé permettait d’y entrer et d’en sortir facilement et sans prendre beaucoup de place. Le propriétaire du brevet était P. Johannes Müller, l’un des associés de VS.
L’idée de base du banc Rettig : l’appuie-pieds surélevé permet d’y entrer et d’en sortir facilement. De plus, on pouvait maintenir des espaces étroits entre les bancs, ce qui permettait une économie de place dans la salle de classe.
Une variante du banc Rettig : ce modèle, conçu pour le cours de travaux manuels, était équipé d’un couvercle de pupitre pouvant s’ouvrir ; les bras avaient ainsi une plus grande liberté de mouvement.
Le banc Rettig possède un mécanisme de bascule, si bien qu’il suffisait de faire basculer les bancs sur le côté pour nettoyer le sol.
Salle de classe conçue entièrement par Richard Riemerschmid en collaboration avec l’entreprise P. Johannes Müller et équipée de bancs Rettig.
École de Mackintosh, le célèbre architecte Art Nouveau, à Glasgow. La façade principale abondamment décorée, avec des tours en verre pour les escaliers, possède deux entrées séparées pour les filles et les garçons. La cour de récréation est séparée elle aussi en deux moitiés distinctes pour chaque sexe.
L’École nouvelle voulait transmettre non seulement un savoir théorique, mais aussi des connaissances pratiques. Cours sur les produits alimentaires dans une école communale de Berlin vers 1908.
Le banc Rettig facilite le maintien de la discipline dans la salle de classe. Cette photo publicitaire retouchée de l’entreprise P. Johannes Müller montre l’ordre tel qu’on le concevait à l’époque.
Une salle de classe allemande modèle, aménagée conjointement par l’architecte d’intérieur Bruno Paul et le fabricant de meubles P. Johannes Müller, fut présentée et primée à l’Exposition universelle de Bruxelles en 1910.
L’armoire de Richard Riemerschmid, construite de façon artisanale, fut présentée à l’Exposition universelle de Bruxelles en 1910.
Salle de dessin avec tables de dessin Albis et chaises en bois courbé à l’Exposition universelle de Bruxelles en 1910. Cette salle de dessin a été aménagée par l’entreprise P. Johannes Müller, l’un des associés de VS, en collaboration avec Bruno Paul.
La participation active des élèves est un important principe pédagogique du Mouvement de l’Éducation nouvelle : élèves d’une école communale de Berlin pendant un cours de botanique en plein air.
Symbole de l’autorité inattaquable du maître d’école au début du 20e siècle : la chaire sur une estrade surélevée.
La première école Waldorf a été ouverte en 1919 à Stuttgart, Uhlandshöhe. Vue du bâtiment principal construit en 1924. La construction selon les principes anthroposophiques évite l’angle droit et donne la préférence au design organique.
Des mouvements de réforme scolaire sous la République de Weimar dans les années 1920 et 1930 s’efforcèrent de mettre en pratique de nouvelles solutions architecturales tenant compte des principes d’urbanisme modernes. L’appui d’hommes politiques et de fonctionnaires des Travaux Publics tournés vers l’avenir a permis de réaliser des exemples marquants d’édifices scolaires dans le style de la Nouvelle Objectivité.
Construite d’après les principes architecturaux de la Nouvelle Objectivité : l’école d’Altstadt avec maison d’habitation pour le directeur, construite à Celle par Otto Haesler.
Le Dorotheen-Lyceum à Berlin-Köpenick : le bâtiment scolaire de Max Taut est absolument conforme au style de la Nouvelle Objectivité : surfaces claires et géométriques, vastes baies vitrées et volumes essentiellement à angle droit.
Le Dorotheen-Lyceum de Berlin-Köpenick était doté de salles de classe aménagées spécialement pour l’enseignement des sciences naturelles – caractéristique étonnante pour une école de filles dans les années 1920.
La salle de sports du Dorotheen-Lyceums avait, elle aussi, un équipement moderne.
Les surfaces du toit de la salle de sport et des salles de biologie du Dorotheen-Lyceums se prêtent bien aux cours de gymnastique en plein air.
Sous l’influence du Bauhaus, les meubles scolaires furent fabriqués, eux aussi, avec des tubes d’acier : leur poids était nettement inférieur à celui du banc scolaire. Cela leur conférait une plus grande flexibilité d’utilisation.
L’arrivée au pouvoir du parti national-socialiste en 1933 mit fin brutalement à tous les efforts de réforme démocratique scolaire en Allemagne. Mais le mouvement continua à se développer dans les autres pays. Une pédagogie « partant de l’enfant » mit l’accent sur la construction de pavillons à un étage qu’on pouvait ouvrir rapidement et sans problème pour faire les cours en plein air. École d’Irwinville, Georgia, USA, 1938.
Banc scolaire de Jean Prouvé, fabriqué jusque dans les années 1950 en grande quantité. Structure en tôle d’acier pliée de forme conique, tube d’acier et bois massif pour le plateau.
École primaire de Bruderholz à Bâle, conçue par Hermann Baur : école construite sous forme de pavillons, les salles de classe offraient une vue imprenable sur le paysage et un accès direct à l’extérieur. On pouvait changer la disposition des meubles suivant les besoins.
École primaire de Bruderholz à Bâle : la salle de classe jouissait d’une belle luminosité qui permettait de placer les meubles de différentes façons, le jardin situé devant la salle de classe était tout à fait indiqué pour faire la classe en plein air.
Crow Island School à Winnetka, Illinois (USA) : l’école a été conçue par Eero + Eliel Saarinen et Perkins, Wheeler & Will comme un ensemble d’unités en forme de L avec une vaste salle de classe, une salle de travail plus petite et un accès dans la cour jardin.
Crow Island School : salle de travail contiguë à la salle de classe pour travailler sur un projet seul ou à deux.
Crow Island School : les appuis de fenêtre, les étagères, les vitrines etc. se trouvent à une hauteur adaptée aux enfants.
Crow Island School : pour la première fois, l’assise et le dossier d’un meuble scolaire étaient faits d’une plaque de contreplaqué courbée.
Plan français de reconstruction pour Mayence, 1946-1948 : Marcel Lods, qui avait participé entre autres dans les années 1930 à la conception de la célèbre école de plein air de Suresnes (France), présenta une alternative au sombre bâtiment scolaire traditionnel.
Vers 1950, la construction des écoles en Allemagne s’accompagne de l’espoir d’un renouveau. La classe en plein air redevient un symbole de libération. Mais pour des raisons financières, on en revient bientôt à la construction de bâtiments compacts. Certaines écoles cependant adoptent des principes du Mouvement de l’Éducation nouvelle. Les essais pour une réorientation fondamentale du système scolaire essuient régulièrement des échecs. École Goethe à Kiel, conçue par Rudolf Schroeder, 1948-1950.
Poste de travail d’écolier avec structure en aluminium de James Leonard : table et chaise empilables, assise et dossier en contreplaqué moulé.
Dans le cadre de la reconversion de l’industrie d’armement en Grande-Bretagne, on fabriqua des pavillons scolaires ainsi que des chaises et des tables d’écolier avec des pièces en aluminium moulées par injection. Transport de composants pour la construction d’écoles préfabriquées vers la France.
Le modèle d’école pavillonnaire réinterprété par Arne Jacobsen (1948-1957) : l’école Munkegård à Gentofte (Danemark), salles de classe s’ouvrant sur des cours - jardins, bâtiment transversal pour salles de classe spécialisées et autres.
L’école Goethe de Kiel adopta le système pavillonnaire à un seul étage pour laisser entrer beaucoup de lumière, d’air et de soleil. Travail créatif dans la salle de classe.
Chaque pavillon de l’école Goethe s’ouvrait sur un jardin. Par beau temps, les cours avaient lieu en plein air. Des parois de séparation offraient une protection contre le vent et contre les dérangements optiques et acoustiques.
École Goethe : cours au bac à sable. Les jardins des pavillons sont séparés par des parois en verre dépoli.
Poste de travail d’écolier conçu par Arne Jacobsen pour l’école Munkegård à Gentofte. La chaise s’inspire de la célèbre chaise fourmi de Jacobsen, le plateau de table et le casier à livres sont constitués d’une seule plaque recourbée.
Meubles scolaires d’Alvar Aalto, architecte finlandais et designer de meubles. Table à plateau inclinable conçue dans les années 1950, la chaise avait déjà été dessinée par Aalto dans les années 1930.
Chaise à patins et table à patins de Karl Nothhelfer. La fin de la production de bancs scolaires après la Seconde Guerre mondiale avait une raison politique – on voulait se démarquer du style d’éducation militaire prussien. La chaise et la table à patins étaient solides et permettaient de gager de la place, leur ergonomie et leur fonctionnalité étaient des atouts importants.
Les nouvelles chaises à patins étaient suffisamment légères pour être déplacées par les enfants eux-mêmes.
Chaise de Karl Nothhelfer, brevet de VS : la chaise à patins, qui avait beaucoup de succès et était produite à des millions d’exemplaires, était considérée comme une construction légère, cependant elle était très solide, ainsi que le montre une photo publicitaire de l’époque.
Hans Sharoun : maquette pour une école primaire à Darmstadt. Le projet de Sharoun est considéré aujourd’hui encore comme un modèle de l’architecture scolaire adaptée aux enfants.
Cours en groupe avec chaises pivotantes, 1954 : les élèves sont assis en ordre dispersé. Les meubles à structure en tubes d’acier ont été fabriqués par VS.
Le prof, film d’Axel von Ambesser, 1958, avec Heinz Rühmann. La salle de classe est équipée de meubles à patins d’acier.
Le pavillon allemand de l’Exposition universelle de Bruxelles, qui était organisée sur le thème de l’éducation et de l’enseignement, a présenté des tables d’écolier combinées avec des chaises pivotantes à tubes d’acier dessinées par Falk Müller.
Chaise pivotante pour écoliers de Falk Müller, l’un des associés de VS. La chaise a été présentée en 1958 à Bruxelles et en 1960 à la XIIe Triennale de Milan.
Poste de travail d’écolier individuel de l’entreprise Heywood & Wakefield. Les assises et les dossiers ont été fabriqués avec des copeaux de bois pressés suivant un procédé breveté.
Chaises scolaires de l’entreprise américaine Brunswick vers 1958. Les coques d’assise et de dossier ont été fabriquées en plastique renforcé de fibre de verre. Piètement en tube d’acier.
À cette époque de construction scolaire intense et de réformes pédagogiques, une nouvelle forme d’école est créée : la « Gesamtschule » (école intégrée). Cette filière veut promouvoir l’égalité des chances pour les enfants et les adolescents de toutes les couches sociales. La Gesamtschule fut donc créée, afin de mettre en pratique les nouvelles idées proclamées lors des évènements de 1968. Mais elle n’a jamais été vraiment acceptée par la population qui voyait en elle « une usine à apprendre bureaucratique ». Gesamtschule Mümmelmannsberg à Hambourg.
La Nouvelle Objectivité revient au goût du jour : table en forme de C, avec structure d’acier rectangulaire et contreplaqué moulé pour placer le cartable.
Vers 1965, VS met au point le plateau de table d’écolier en LIGNOdur, un matériau extrêmement résistant à surface en mélamine et qui est un produit de recyclage fabriqué avec les copeaux résultant du travail du bois. Les chaises à patins empilables sur les tables sont issues de la deuxième génération, elles sont plus légères et plus élancées.
La réalisation architecturale du concept pédagogique « Gesamtschule » donne parfois naissance à des bâtiments scolaires inhospitaliers, à l’aspect technique très accentué. Récréation à la Gesamtschule de Weinheim.
École en RDA : poste de travail d’écolier à deux places. Le design des meubles est élancé, sobre et fonctionnel.
L’entrée à l’école primaire : réception de bienvenue dans la cour.
Aménagement de la classe avec des tables en forme de C et des chaises pivotantes à tube d’acier quadrangulaire. Sur cette photo publicitaire, les tables sont placées en forme de U, comme c’était la coutume à cette époque.
L’école de Hans Sharoun à Marl/Westphalie est construite comme un ensemble alvéolaire. Des bâtiments à un étage hébergeant les salles de classe sont groupés autour du bâtiment plus élevé où se trouve la salle des fêtes et qui constitue le centre organique de l’école.
Groupe d’écoles sur le Schäfersfeld à Lorch, Behnisch & Partner. Le premier bâtiment de cet ensemble fut le collège ; la façade est garnie de grandes baies vitrées et de stores.
Le hall du collège sert à la fois d’entrée, de lieu de rencontre et de réunion. Les salles de classe sont réparties autour de ce centre.
Centre scolaire à deux étages à Kronberg/Taunus (architectes Fesel, von Törne) : le rez-de-chaussée est réservé aux salles de cours spécialisés, tandis que les salles de classe pour l’enseignement général sont au premier étage.
Maquette de l’école primaire Salvatore-Orrù à Fagnano Olona/ Italie : Aldo Rossi composa pour cette école un ensemble d’éléments urbains réduits à leurs formes géométriques.
L’architecture scolaire moderne ne se laisse plus réduire à des critères uniformes et des tendances dominantes. De nouvelles variantes et de nouveaux concepts spatiaux voient le jour régulièrement et permettent d’aménager l’environnement scolaire de façon variée et stimulante. Mais en raison de la diminution du nombre des élèves, la construction de nouveaux bâtiments scolaires régresse. Cependant, la transformation des bâtiments et leur rénovation offrent elles aussi des possibilités de créer des espaces de vie innovants du point de vue pédagogique. École Gustav-Heinemann à Rastatt, 1995.
Behnisch & Partner, Centre pédagogique d’Ingolstadt-Hollerstauden : les diverses installations tiennent compte des principes de Maria Montessori et d’autres pédagogues partisans de l’Éducation nouvelle. École primaire, salle de classe de CM2.
Centre pédagogique d’Ingolstadt-Hollerstauden. Vue sur la rotonde qui sert de centre de rencontres.
Au rez-de-chaussée se trouvent la cuisine, la cafétéria, le secrétariat et la salle de musique, l’étage abrite essentiellement les services administratifs. Les escaliers servent de sièges lors des représentations théâtrales.
Centre pédagogique Ingolstadt-Hollerstauden, Behnisch & Partner, composé de cinq bâtiments d’aspects différents et d’un gymnase.
Montessori College Oost, Amsterdam : le premier bâtiment au monde construit spécialement pour une école secondaire Montessori.
L’école primaire Fridtjof-Nansen de Hanovre-Vahrenheide, école pilote de l’Expo 2000, s’est donné pour but d’intégrer davantage de mouvement dans l’espace d’étude et de vie.
Le mouvement, à l’école Fridtjof-Nansen, est également compris comme une utilisation flexible de l’espace, un rythme des cours propice au travail scolaire, un travail autonome, des récréations actives. Le maître d’école quitte sa position centrale.
Équipement de base pour l’« école en mouvement » : meubles ergonomiques, mobiles, flexibles. Chaise pivotante PantoMove à hauteur réglable avec assise dynamique et table à hauteur réglable Ergo-III à plateau inclinable de VS.
Les enfants sont encouragés à agir d’eux-mêmes. Ils ne sont pas obligés de rester assis tout le temps.
L’école Witthau de Haigerloch : une école primaire ouverte toute la journée, a été primée en raison de sa pédagogie porteuse d’avenir. Le besoin de mouvement naturel des enfants n’est pas contrecarré mais intégré dans le processus scolaire afin de soutenir leur capacité d’apprendre.
À l’école Witthau, le rythme rigide des 45 minutes a été aboli et remplacé par des unités de cours plus souples.
Les salles de classe sont groupées autour d’un espace ouvert, la « salle des familles ».
L’école Perspectives Charter School de Chicago, Illinois (USA) réalisée par Perkins + Will se trouve dans un quartier ouvrier, à peu de distance du centre. Elle épouse la forme triangulaire du terrain.
La bibliothèque de l’école Perspectives Charter School a été équipée par VS avec un comptoir de service, la chaise pivotante PantoMove-LuPo et la table RondoLift.
L’aménagement de la Perspectives Charter School de Chicago inclut des tables et des chaises d’écolier de VS, avec en particulier aussi la chaise à suspension élastique PantoSwing.
L’école « De Salamander » d’Arnhem (Pays-Bas) : l’architecte Herman Hertzberger a conçu l’école comme un grand ensemble. Deux cours intérieures sont intégrées dans le complexe.
La salle de classe, à l’école « De Salamander » , donne sur un large corridor dans lequel se trouvent des postes de travail scolaires supplémentaires.
Horaires d’ouverture : du lundi au vendredi 9 h – 17 h et sur rendez-vous +49(0)9341-880 Entrée libre
Le catalogue de l’exposition : « La salle de classe, de la fin du 19e siècle à aujourd’hui », par Thomas Müller et Romana Schneider, 304 pages, 900 photos en partie en couleurs, éditeur Ernst Wasmuth, Tübingen Berlin, 2010, est disponible au musée de l’école de VS.
