VS: Vous lancez cet été votre nouveau programme de formation SEED à Berlin. L’année prochaine, le concept sera déployé à l’échelle nationale. En quoi diffère-t-il des autres programmes ?
Nous accordons à nos apprentis une grande flexibilité en termes de temps et de lieu, ce qui est radicalement nouveau. S’ils décident de discuter de leur projet pendant deux heures autour d’un café dans un Starbucks, nous leur faisons confiance. D’après l’expérience de notre phase pilote, cette flexibilité les amène à s’identifier très différemment à leur tâche. Nous imposons peu de choses. Nous n’utilisons même pas de programme pédagogique. Nos apprentis l’élaborent eux-mêmes, après avoir étudié le contenu de leur futur métier au cours des premières semaines. Ils apprennent ainsi pourquoi ils doivent se former chez nous. Chez nous, on apprend et on travaille en « dream teams » et de manière interdisciplinaire, ce qui signifie que l’informaticien peut échanger avec la mécatronicienne. Habituellement, les entreprises forment des apprentis séparément pour chaque profession. Quels sont les éléments qui nous permettent de constater que nous faisons bouger les choses sur notre chemin ? Normalement, les apprentis attendent de pouvoir rentrer chez eux à 15 heures. Nos équipes demandent si elles peuvent rester une heure de plus.
VS: Vous attirez l’attention sur votre site Internet grâce à vos nouvelles méthodes de formation. Comment cela se traduit-il dans la pratique, notamment en ce qui concerne les possibilités offertes par le numérique ?
Naturellement, nous utilisons des options numériques. Nous ne laissons pas nos apprentis cliquer sur des contenus de formation qu’ils ont achetés. Nous misons sur l’apprentissage en réseau. Cela signifie que nous utilisons une combinaison de méthodes de classe inversée, de formation par les pairs et beaucoup d’apprentissage basé sur des projets. Ce sont des méthodes qui donnent aux jeunes la possibilité et la nécessité de prendre davantage de responsabilités dans leur apprentissage. Ce qui nous importe avant tout, c’est l’interaction sur un pied d’égalité, entre nous et avec les coachs de formation, qui accompagnent les processus d’apprentissage plutôt que de les diriger. Nous constatons que cela permet le meilleur développement du potentiel, sans que cela au détriment de la bonne humeur. En effet, les jeunes n’apprennent pas seulement pour eux-mêmes, mais aussi pour les autres, ce qui leur redonne l’envie de le faire.